Nouveau départ !

Bon, aujourd’hui il fallait que je voie Roderick Folan, le nouveau palefrenier de Hearland engagé par mon père. Amy m’avais dit qu’il était un homme qui travaillait bien et qui ne se plaignait pas, mais je voulais le voir de mes propres yeux, sachant que je ne l’avais pas encore rencontrée du fait de mon nouveau handicap, je voulais gérer chaque chose en son temps.

J’allais me diriger dehors quand le téléphone sonna, je décrochais, c’était Caleb. Il voulait me dire qu’il ne pourrait pas venir travailler à Heartland, car il était malade. Je lui dis de bien se soigner et me dirigea donc vers les écuries et pensées qu’il faudra que je le dise à Amy et Roderick justement pour qu’ils n’attendent pas Caleb.

Je n’aimais pas trop être dehors, car avec mon fauteuil, ce n’était pas toujours simple de le rouler sur les cailloux, mais je m’y ferais bien un jour, de toute façon, je n’avais pas trop le choix.
Une fois entré dans les écuries, je le cherchais des yeux et je le vis nettoyer le box de Cooper, je voyais qu’il y mettait toute son énergie. Je m’avançais vers lui :

- Bonjour, vous devez être Roderick Folan ?

Je ne lui laissai pas le temps de répondre et lui dit :

- Je suis Marion Fleming, la mère d’Amy.

Je lui tendis ma main pour lui serrer et le regarda de plus près. J’avais fait des recherches sur lui avant de venir lui parler et j’avais découvert qu’il était anciennement un champion de voltige équestre, par la suite il eut un accident et il ne peut plus faire de la voltige. Dans un sens, cette situation m’avait fait penser à moi, comme j’étais en fauteuil, mais je savais que je pouvais remonter à cheval, il me fallait juste assez de courage et pour le moment, je n’en avais pas. Bien que mon moral aller de mieux en mieux.

Je lui sourit et attendit qu’il me serre la main.

Roderick avait failli arriver en retard ce matin-là. Il avait pris quelques somnifères pour pouvoir fermer l’œil plus tranquillement, et ceux-ci avaient si bien fait effet qu'il avait eu du mal à ouvrir les yeux quand le soleil s'était levé. Il avait d'ailleurs préparé ses affaires en toute hâte et avait dû rouler plus vite que la normale pour arriver à temps. Parallèlement à cela, il savait que personne ne le contrôlerait vraiment, à moins d'être absent. Caleb et Ty étaient du genre à s'en moquer royalement et les Fleming avaient d'autres chats à fouetter. La seule qui aurait pu remarquer que quelque chose clochait était Amy, et elle allait en cours assez tôt dans la matinée.

En arrivant à Heartland, il se souvint que c'était le jour des boxes. Autrement dit, qu'il allait devoir passer sa matinée les mains dans le crottin et la paille, à tout nettoyer, tout ranger. Il ne rechignait cependant pas à la tâche, du moment que cette corvée lui permettait d'être au contact des chevaux. Il arriva dans l'écurie, posa ses affaires dans la sellerie, puis ramena de la grange de la paille fraîche. Il fit un petit arrêt à la case Memphis pour lui donner un sucre, puis se mit au travail. Vider la paille trop usée, en remettre de la propre et rééquilibrer la litière d'un coup de fourche, sans déranger ou blesser le cheval. Il était en train de retirer du crottin du box de Cooper lorsqu'il entendit une voix l'interpeller.

???- Bonjour, vous devez être Roderick Folan ?

Il releva le regard et sortit du box, la fourche couverte de crottin, dévisageant avec surprise la femme qui lui faisait face. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour identifier la jolie blonde. Elle avait les mêmes yeux qu'Amy, la ressemblance était frappante. Et puis, les femmes en fauteuil dans les ranch ne courraient pas les rues. Il ne s'attarda d'ailleurs sur ce dernier que quelques secondes, puis l'ignora royalement. Il n'allait pas s'apitoyer sur le sort de la demoiselle. D'une part, parce que chacun traînait son handicap comme il le pouvait, et ensuite, parce qu'elle devait en avoir assez de la pitié des autres.

Marion- Je suis Marion Fleming, la mère d'Amy.

Il avait donc bien vu ! Il lui rendit son sourire et déchargea le contenu de la fourche dans la brouette, avant de la poser, pour tendre la main à la jeune femme. Au dernier moment, il se ravisa et l'essuya sur son jean, pour la lui tendre à nouveau, probablement pas plus propre, mais il avait au moins tenté de la nettoyer un peu. Il finit ainsi par lui serrer la main, sourire poli aux lèvres.

- Enchanté ma'am. Il recula d'un pas et contourna la brouette pour l'éloigner un peu de l'entrée du box, pour dégager un peu de place. Si vous permettez, je continue de bosser en même temps, j'ai encore l'autre rangée de boxes à faire.

Il lui adressa un petit sourire et attira la botte de paille fraîche vers lui. Il grimaça en s'appuyant sur sa "mauvaise jambe", comme il aimait l'appeler. Il se saisit de nouveau de la fourche et la planta en plein cœur de la paille pour en retirer un gros bout, qu'il effrita habilement dans le box de l'animal. Tout en travaillant, il tourna le regard vers la mère d'Amy et reprit, poliment, mais sincèrement.

- Ça fait plaisir de vous voir sortir. Vous allez mieux ?

Roderick Folan me sourit aussi, il me tendit la main pour la serrer, mais bien vite il se l’essuya sur son pantalon. Je souris, au moins il ne voulait pas me serrer la main qui était sale, bien que l’essuyée sur son pantalon n’était pas la meilleure solution, mais ce n’était pas grave. Il finit par me serrer la main, tout sourire :

- Enchanté ma'am

Il recula et recula la brouette et continua :

- Si vous permettez, je continue de bosser en même temps, j'ai encore l'autre rangée de boxes à faire.

Je hochai la tête, au moins il prenait son travail à cœur. Il prit la botte de paille fraîche pour la mettre dans le box, quand je vis qu’il grimaça légèrement, je le regardais, il avait mal quelque part, mais je ne savais pas ou, peut-être sa jambe. Je voyais bien qu’il avait encore mal. Mais Roderick continua, il saisit sa fourche et la planta dans la paille fraîche et il l’a mis dans le box. Au bout d’un moment, il me regarda :

- Ça fait plaisir de vous voir sortir. Vous allez mieux ?

Je lui souris et soupirai à la fois. Oui, on pouvait dire que j’allais mieux, mais quand j’avais vu Roderick grimacer, j’avais compris qu’avec tant d’années, il avait toujours une douleur par rapport à son accident, ce serait le cas avec moi, sauf que moi je n’avais pas mal, mais je ne pourrais plus utiliser mes jambes !

Je lui répondis :

- Oui, on peut dire que ça va mieux par rapport à il y a quelques jours. Je voulais sortir un peu, car ça me fait du bien de sentir l’air frais et en même temps de voir un peu les chevaux.

Je lui souris, je voyais dans son regard qu’il aimait son travail et que lui aussi aimait les chevaux, sinon il n’aurait pas été voltigeur professionnel.

Je continuais :

- Dites-moi, j’ai fait des recherches sur vous, mais ne vous inquiétez pas, c’était juste pour regardez ce que vous faisiez avant votre nom me disait quelque chose…

J’espérais qu’il n’allait pas mal le prendre, le fait que j’ai un peu cherché qui il était.

- J’ai vu que vous étiez anciennement voltigeur professionnel et que vous avez eu un accident assez grave. Je vous ai vu à l’instant grimacer, j’espère que le travail de palefrenier n’est pas trop dur pour vous, sinon on peut adapter ce que vous pouvez faire.

Je voulais lui faciliter la tâche, je le comprenais dans un sens, avoir un handicap n’était pas facile ! J'avais l'impression que c'était sa jambe qui lui faisait mal. En même temps, j’espérais qu’il n’allait pas mal prendre mes paroles, car ce n’était pas du tout mon intention.

Il essuya son front avec son avant-bras et regarda la paille qui s'étalait sous ses pieds. Beaucoup de poussière virevoltait autour de lui; il devrait balayer après son passage, à moins que Caleb ou Ty ne trouve la motivation nécessaire pour le faire. Où étaient-ils ces deux-là d'ailleurs ? Car, autant il avait aperçu Ty en arrivant, autant Caleb semblait se planquer. Il faudrait qu'il lui parle, à ce cow-boy. Jusqu'à présent, il n'avait pas l'impression qu'il se rendait très utile.

Marion- Oui, on peut dire que ça va mieux par rapport à il y a quelques jours. Je voulais sortir un peu, car ça me fait du bien de sentir l’air frais et en même temps de voir un peu les chevaux.

Sans la regarder, il acquiesça d'un signe de tête, puis flatta l'encolure de Cooper.

- Effectivement, c'est une vraie thérapie que d'être à leurs côtés. Ils sont souvent utilisés pour apaiser des handicapés physiques ou mentaux; j'imagine que c'est parce qu'ils ont une sorte... d'aura rassurante. Un léger sourire passa furtivement sur ses lèvres et il tourna le regard vers la femme. Enfin, vous devez en savoir plus que moi sur ce sujet.

Il tapota le poitrail de l'animal et reprit son travail. Il avait souvent lu ce genre d'article. Et inutile de préciser qu'avec sa jument, il essayait de ne pas tenir compte des techniques de monte traditionnelles. Il n'était ainsi pas rare qu'il ne monte qu'à cru, voire même sans filet, ne dirigeant l'animal qu'à la seule force du poids de son corps. Il avait alors l'impression que son cheval était davantage à l'écoute. Il se sentait plus proche de lui.

Marion- Dites-moi, j’ai fait des recherches sur vous, il s'immobilisa, tel un cambrioleur pris sur le fait, mais ne vous inquiétez pas, c’était juste pour regardez ce que vous faisiez avant votre nom me disait quelque chose…

Il resserra ses doigts autour de la fourche. Après tout, il était normal qu'un patron se renseigne sur son employé, pas vrai ? Oui, voilà, il était normal pour Marion Fleming de faire des recherches sur lui. Il fixa la paille tout en continuant à la remuer.

Marion- J’ai vu que vous étiez anciennement voltigeur professionnel et que vous avez eu un accident assez grave. Je vous ai vu à l’instant grimacer, j’espère que le travail de palefrenier n’est pas trop dur pour vous, sinon on peut adapter ce que vous pouvez faire.

Il était évident qu'elle cherchait à se montrer gentille, aimable avec lui, mais il ne pouvait s'empêcher de se raidir et de serrer les dents. Il s'arrêta, sortit du box, posa la fourche contre ce dernier et le referma d'un geste sec. Cooper tourna les oreilles vers eux, intrigué. Il fit volte-face pour fixer sa patronne et soupira, s’efforçant d'effacer l'air contrarié qu'affichait son visage.

- Ecoutez, si je suis parti de New-York, c'est justement pour être traité tout à fait normalement. J'apprécie votre proposition, mais, je ne veux ni de pitié, ni de traitement de faveur. Il désigna du menton le fauteuil roulant. J'imagine qu'il en est de même pour vous. Il s'empressa d'ajouter, essayant de radoucir son ton. Je savais dans quoi je m'engageais et postulant ici.

Il soutint le regard de sa patronne sans animosité, mais plus froid qu'avant. Il s'en rendit compte et ajouta dans un souffle, d'une voix adoucie.

- Excusez-moi. C'est un sujet délicat.

Après mes paroles, je vis Roderick se raidir, il s’arrêta de travailler, sortit du box et posa sa fourche. Est-ce que je l’avais mis en colère ? Je ne savais pas, mais je voyais bien qu’il n’aimait pas mes paroles. Roderick referma le box assez brutalement, je ne sursautais pas, mais son geste me surprit. Puis finalement, il se tourna vers moi tout en soupirant :

- Écoutez, si je suis parti de New-York, c'est justement pour être traité tout à fait normalement. J'apprécie votre proposition, mais, je ne veux ni de pitié, ni de traitement de faveur.

Il désigna de son menton mon fauteuil :

- J'imagine qu'il en est de même pour vous.

Je n’eus pas le temps de répondre qu’il poursuivit :

- Je savais dans quoi je m'engageais et postulant ici.

Il me fixa toujours, son regard était assez froid, au bout d’un moment il rajouta d’un ton plus doux :

- Excusez-moi. C'est un sujet délicat.

Oh ! Je ne lui en voulais pas, je le comprenais et j’étais quand même contente, ce jeune homme avait du caractère ce qui était bien, il ne se laisserait jamais marcher sur les pieds.  Je soutins son regard et parlais :

- Non, ce n’est pas à vous de vous excusez, c’est à moi, je n’aurais pas du parler de ça.

Je le regrettais quand même un peu, car je le comprenais parfaitement, je comprenais que pour lui ce n’était pas du tout facile.
Je continuais :

- Au moins, vous ne manquez pas de courage de répondre à votre employeur comme vous l’avez fait !

Je lui souris, pour lui faire comprendre que cela ne me dérangeait pas, du moment qu’il ne dépassait pas les bornes non plus. Je déplaçais un peu mon fauteuil vers Cooper pour le caresser, Mallory n’était pas venue depuis quelques jours, je pensais qu’il fallait qu’Amy le monte, sinon le pauvre il aller rester dans son box et s’ennuyer par conséquent.
Je regardais Roderick en me souvenant qu’il fallait que je lui dise que Caleb ne serait pas là, je me remis face à lui :

- Ah oui, j’ai oublié de vous dire que Caleb ne pourra pas venir aujourd’hui, il a dit qu’il était malade.

J’espérais que ça ne le dérangeait pas, mais vu comment, il m’avait répondu, je ne pensais pas et puis, je pense qu’il savait que s’il avait besoin d’Amy, de Ty ou de mon père il le dirait.