Conséquence de l'accident !

Je ne sens plus mes jambes ! J’ai perdu l’usage de mes jambes ! C’était une catastrophe ! Je ne pourrais jamais remonter à cheval. Là, j’étais à l’hôpital encore, les médecins voulaient me garder encore un peu pour voir mon état au fil des jours. Moi tout ce que je voulais, c’était rentrer chez moi et m’enfermer dans ma chambre, de toute façon, c’est tout ce que je pourrais faire ! Je ne savais pas comment aller Amy, mais je savais qu’elle était rentrée à Heartland. J’espérais qu’elle avait le moral, mais je n’y croyais pas trop, avec ce qu’il m’arrivait ! Les médecins m’avaient dit que ma famille était venue me voir, mais j’étais inconsciente donc je ne les avais pas vus et en même temps, j’étais contente, je ne voulais pas voir leur pitié !

Tout à coup, on toqua à la porte, c’était Kate, l’infirmière qui me suivait :

- Bonjour Mme Fleming, comment allez-vous aujourd’hui ?

Je la regardais d’un œil noir ! Comment voulait-elle que j’aille ? Mal évidemment, j’avais perdu l’usage de mes jambes ! Forcément que je n’allais pas bien. Je lui répondis assez froidement :

- Mal évidemment !

Normalement, je ne me laisse pas aller, mais là, j’étais effondrée ! Je ne pourrais plus m’occuper des chevaux, faire les tâches quotidiennes, tout aller mal et je me sentais affreusement seule !

L’infirmière me rassura, puis avec l’aide d’une de ces collègues, elle refit le lit et m’apporta mon petit-déjeuner que je ne touchais point ! Kate me dit que le médecin passerait en fin de matinée. Elle m’alluma la télé, me donna la télécommande et sortit. Voilà, j’étais encore seule ! Je me saisis de la télécommande et zappai sur un chaîne qui m’intéresser, à un moment, je vis un accident de voiture, MON accident ! Je montais le son et voilà ce que le journaliste disait :

- Il y a quelques jours, il y eut un accident de voiture assez conséquent ! Dans l’habitacle, il y avait Amy et Marion Fleming, elles viennent d’Heartland et avaient dans leur van un cheval du nom de Spartan.

Le journaliste continuait, mais j’éteignais la télé ! Je posais la télécommande à côté de moi et sentis mes larmes qui coulaient sur mes joues ! Tout ceci était de ma faute, je n’aurais jamais dû aller au ranch voisin et surtout avec Amy, j’aurais pu mettre en danger ma fille ! Mais qu’elle mère, je suis ! J’essayais tant bien que mal de me tournait vers la fenêtre, dos à la porte et laissait mes larmes coulaient ! J’étais seule, j’étais fautive !

Trou noir. Plus rien, elle ne se souvenait de rien. Juste des coups, des cris et de l’agitation. Puis du noir, des ténèbres et de l’inquiétude, de la peur. Elle ouvrit les yeux pour vit une chambre blanche. Une chambre d’hôpital. Elle était à l’hôpital... La deuxième chose qu’elle vit fut un médecin. Elle bondit de son lit, elle voulait voir sa mère. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Comment allait-elle ? Tout se bouscula dans sa tête. Et elle allait voir sa mère, lorsqu’elle dormait.

Elle avait pris une certaine routine à l’hôpital. Et lorsqu’on l’autorisa à le quitter, l’adolescente était nerveuse, mal dans sa peau, malheureuse. De sa faute. Tout ça était de SA faute. Elle soupira et sortit finalement de l’hôpital, rentrant chez elle sans sa mère. Rentrant chez elle avant elle. Les jours qui suivirent cet évènement, elle se forçait à continuer à travailler, à continuer aussi de s’occuper des chevaux. À reprendre ses anciennes habitudes.

Mais au moment où on lui donna l’occasion d’aller voir sa mère à l’hôpital, elle bondit dessus, sans réfléchir plus que nécessaire et demanda à ce qu’on l’y conduise, sans hésitation. Amy ne dit rien durant tout le trajet, restant pensive et silencieuse tandis qu’elle dévisageait les paysages qui défilaient successivement à travers la fenêtre. Et ce ne fut que lorsque la voiture s’arrêta qu’elle descendit puis se dirigea à vitesse grand V, sans demander son reste, en direction de la chambre de sa mère, qu’elle commençait à connaître par cœur. Mais plus elle s’avançait, plus elle était nerveuse. Et si elle lui en voulait ? Et si elle dormait ? Et si... Et si...

Arrivant finalement devant la porte, elle s’apprêtait à frapper, mais retint son geste, interdite. Et si elle n’était pas contente de la voir ? Et si elle n’allait pas bien ou qu’il y avait eu des complications durant les quelques jours qui avaient précédé ? Et si elle dormait ? Elle ne voudrait pas la déranger. Au pire, elle pouvait juste jeter un petit coup d’œil ? Posant sa main sur la poignée, elle actionna le mécanisme et entra dans la chambre tandis qu’elle voyait sa mère dans son lit, de dos, face à la fenêtre. Sa gorge se noua, mais elle parvint quand même à se ressaisir et à parler, enfin... Plus un murmure qu’autre chose.

-Maman...

Directement, elle se précipita vers elle, retenant ses larmes qui ne demandaient pourtant qu’à couler. Elle s’en voulait... Tout était de sa faute. Tout.

-Je... Je suis désolée. Tout est de ma faute. Je n’aurais jamais dû te demander d’aller chercher Spartan...

Elle aurait voulu la prendre dans ses bras, lui dire qu’elle l’aimait. Lui dire qu’elle s’en voulait. Lui prouver qu’elle aurait pu faire autrement... L’adolescente commença à pleurer, en silence tandis qu’elle s’interdisait de le faire, qu’elle ne s’autorisait pas à prendre sa mère dans ses bras. Elle se le refusait. Elle-même ne le méritait pas. D’autant plus qu’elle n’arrêtait pas, lorsqu’elle fermait les yeux, de revoir l’accident, de revoir son erreur, son crime.  Sauver ce cheval n’aurait jamais dû coûter quoi que ce soit à sa mère. Jamais. Elles auraient dû le sauver et rentrer au ranch, entières, ensemble. Et non pas subir autant de souffrance.

Amy ferma les yeux un court instant et entendit de nouveau le cri de Spartan et le coup de tonnerre résonné dans ses oreilles. Elle avala difficilement sa salive. Elle n’avait pas le droit d’être aussi... Aussi... D’être aussi « tout ».

Tout à coup, j’entendis la porte s’ouvrir, je ne me retournais pas pensant que c’était encore l’infirmière. Allait-elle me laisser tranquille ? Je l’espérais ! Puis j’entendis un simple murmure :

- Maman...

C’était Amy, ma fille ! Elle était venue me voir, j’étais contente, mais en même temps, je ne voulais pas qu’elle me voie pleurer, je ne voulais pas qu’elle s’en veuille non plus. J’entendis qu’elle se rapprocha de moi et elle dit :

- Je... Je suis désolée. Tout est de ma faute. Je n’aurais jamais dû te demander d’aller chercher Spartan...

Je soupirais, je m’en doutais qu’elle allait dire cela ! Mais ce n’était aucunement sa faute, c’est moi sa mère, c’est moi qui aurais dû lui dire non ! J’essayais tant bien que mal à me retourner et là, je vis ma fille, ma belle fille de 15 ans. Qu’est-ce qu’elle avait grandi, si vite ! Par moment, je la revoyais encore petite à me montrer ce qu’elle savait faire sur son premier poney. Amy était trop mignonne et plus elle grandissait, plus j’avais peur de la perdre !

Je vis qu’elle avait des larmes qui coulaient le long de ses joues ! Non ! Ce n’était pas de sa faute, c’était de la mienne ! Je la vis fermer les yeux, je me redressais et lui prit ses mains :

- Amy, écoute-moi !

Mon ton était peut-être un peu strict, mais je voulais bien qu’elle me comprenne :

- Ce n’est aucunement de ta faute ! Certes, tu m’as demandais d’aller chercher Spartan, mais moi, j’aurais dû savoir qu’avec le temps, il était hors de question qu’on y aille vu que c’était dangereux. Tout est de MA faute et non de la tienne ! Je ne veux plus entendre ça d’accord ?

Je ne voulais pas la brusquer, mais je ne voulais pas qu’elle se rende coupable de notre accident, je ne voulais pas qu’elle se rende coupable de mon handicap. Je lui caressai ses mains et continuais d’un ton plus doux :

- Tu sais, pour l’instant, c’est dur, mais je m’y ferais à ne plus avoir l’usage de mes jambes. Ne t’inquiète pas pour moi, c’est plutôt moi qui devrais m’inquiétait pour toi ! Je t’aime Amy et le fait qu’on soit ensemble, c’est déjà beaucoup !

En effet, j’aurais pu la perdre avec cet accident ! Heureusement qu’Amy n’avait rien eu de grave, je ne me l’aurais jamais pardonné !

-Maman- Amy, écoute-moi !

Seul le ton strict de sa mère la fit revenir à la réalité alors qu’elle avait replongé dans ses souvenirs. Revoir l’accident, les cris, la peur, la panique. Et les éclairs frappant contre les parois... Ainsi que les bruits de sabots...

-Maman- Ce n’est aucunement de ta faute ! Certes, tu m’as demandais d’aller chercher Spartan, mais moi, j’aurais dû savoir qu’avec le temps, il était hors de question qu’on y aille vu que c’était dangereux. Tout est de MA faute et non de la tienne ! Je ne veux plus entendre ça d’accord ?

Pas de sa faute... ? Pas de sa faute ? Amy se braqua légèrement tandis que sa mère lui parlait. Elle sentit les mains de sa mère lui caresser les siennes, geste qui ne fit que la rendre encore plus mal à l’aise alors qu’elle n’avait pas encore fait attention que sa mère s’était redressée et qu’elle venait simplement de remarquer qu’elle lui avait prit les mains. Comment ne pas s’en vouloir de cet accident ?

-Maman-Tu sais, pour l’instant, c’est dur, mais je m’y ferais à ne plus avoir l’usage de mes jambes. Ne t’inquiète pas pour moi, c’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter pour toi ! Je t’aime Amy et le fait qu’on soit ensemble, c’est déjà beaucoup !

Elle baissa la tête, masquant mal son mal-être devant elle. Pour elle, tout était de sa faute. Après, elle veillerait à ne plus le dire devant sa mère, mais... Elle ne pouvait s’empêcher de le penser. Il lui faudrait des preuves, des actes pour lui prouver qu’elle n’était pas la seule fautive. L’adolescente se sentait mal et culpabilisait énormément à cause de ça.

-Moi aussi je t’aime maman, dit-elle alors que de petites perles d’eau coulaient sur ses joues. Tu as raison, le fait que l’on soit ensemble est déjà beaucoup. Je...

Elle prit une grande inspiration, cherchant dans ses souvenirs la moindre petite erreur ou faille qu’elle aurait pu éviter. Elle n’aurait tout simplement pas du demander à sa mère, ce soir-là. Elle aurait dû aller chercher Spartan seule, elle se serait peut-être pris un bon savon en rentrant, mais au moins, elle serait rentrée saine et sauve, avec lui. Sans prendre les routes. Bon, c’était peut-être un plan foireux, mais... Elle serait montée sur lui et aurait galopé jusqu’au ranch... Ou...

-J’aurais préféré que cet accident n’arrive jamais.

-Maman- Moi aussi Amy, mais c'est arrivé et on ne peut pas faire comme s’il n'y avait rien. Ne t'en fais pas, c'est juste une question d'habitude, après on s'y fera.

Elle ferma les yeux pour retenir ses larmes. Une question d’habitude... Habitude... La douleur s’en ira-t-elle ? La culpabilité aussi ? Sa gorge se noua et elle avait de plus en plus de mal à contenir sa peine.

-Maman, tu penses que la douleur, la peine et la culpabilité s’en iront un jour ?

Elle ne retint plus ses larmes, à présent. Son masque s’était dissout. Plus rien ne la retenait de pleurer, même si ça ne changeait pas ce qui était arrivé. Rien ne pourrait le changer. Et s’habituer à cette constante douleur ? Elle n’avait pas à se plaindre, elle, elle n’avait rien de bien grave suite à cet accident. Rien du tout, même. Mais sa mère... Elle avait un handicap, et tout cela parce qu’elle n’avait pas réfléchi avant de lui demander d’aller chercher Spartan. Elle aurait dû y aller seule, ou... Ne pas y aller ce jour-là tout court. De sa faute... Tout était de SA faute. Comment ne pas se reprocher un pareil accident lorsqu’on en vit un ? Comment ne pas se sentir coupable ?

-Pourquoi je ne cesse de revoir cet accident dès que je ferme les yeux ?

Amy me répondit :

- Moi aussi je t’aime maman. Tu as raison, le fait que l’on soit ensemble est déjà beaucoup. Je...

Elle s’était interrompue, je voyais qu’elle commençait à pleurer, ceci me fendit le cœur, elle reprit au bout de quelques secondes :

- J’aurais préféré que cet accident n’arrive jamais.

Oui, moi aussi, mais on ne pouvait rien y faire, le destin en à décider autrement.

- Moi aussi Amy, mais c'est arrivé et on ne peut pas faire comme s’il n'y avait rien. Ne t'en fais pas, c'est juste une question d'habitude, après on s'y fera.

Il fallait juste un peu de temps ! Amy ferma les yeux et reprit au bout d’un moment :

- Maman, tu penses que la douleur, la peine et la culpabilité s’en iront un jour ?

Je soupirais, oui, tout ceci s’en ira, mais il lui faudra du temps pour accepter ce qu’il sait passer. Je voyais ses larmes coulaient le long de ses joues, j’avais mal de voir ma fille pleurer ! Amy reprit :

- Pourquoi je ne cesse de revoir cet accident dès que je ferme les yeux ?

Une question auquel je répondrais que c’est parce qu’elle est choquée. Mais je ne pouvais pas lui dire ceci, je soupirais à nouveau, garda une main dans la sienne et mon autre main, caressa sa joue tout en enlevant les larmes :

- Ne pleure pas Amy, il faut que tu te dises que déjà, je ne suis pas morte. Ensuite…

Que dire à ma fille pour ne pas qu’elle se culpabilise plus ? Je n’avais pas la solution, mais une mère devait rassurer son enfant. Rah ! Si Tim avait été là, il aurait pu m’aider !

Je me redressai pour bien la regarder dans les yeux :

- Amy, je suis sûre que la douleur, la peine et la culpabilité malgré que tu n’as pas à en avoir partiront ! Tu es forte ma puce, tu remonteras la pente, on le remontera ensemble ! Il nous juste un peu de temps.

Je lui souris, ce n’était pas facile à accepter, mais il le fallait. Je respirais un grand coup et continuais :

- Il faut que tu arrives à dédramatiser la situation. Cet accident certes a été violent, mais il faut que tu te dises que je vais bien et surtout que toi tu vas bien ! Spartan va bien, peut-être un peu nerveux, mais on arrivera à le calmer. C’est le principal. Après, si tu as besoin de parler, tu sais que tu peux compter sur ta grande sœur, ton grand-père, même moi ! Mais si tu ne veux pas en parler avec nous, je peux te proposer un psy, il sera là pour t’aider.

Je ne sais pas si c’était la bonne solution, mais un médecin psychiatre pouvait apporte de l’aide aussi qui plus est si elle ne veut pas nous en parler. L’important, c’était elle, qu’elle se sente bien. Moi, ça n’avait pas trop d’importance, du moins pour le moment ! Je lui souris pour lui montrer qu’il fallait qu’on remonte la pente, ensemble !